rdc: qui gagnera les élections présidentielles de 2011?
RDC : Qui gagnera les élections présidentielles de 2011 ?
Il y a, au jour d’aujourd’hui, de plus en plus de compatriotes qui estiment que notre pays est sous occupation et qu’il ne sert à rient d’aller aux élections sans que les occupants soient mis hors d’état d’agir. C’est se voiler la face que d’ignorer cette approche de la marche socio-politique de notre pays. N’empêche qu’il y en ait aussi qui croient en l’avènement d’un autre Congo à partir du processus démocratique promoteur d’institutions républicaines au service de nos populations. D’autres compatriotes encore croient tout simplement dans un changement quel qu’il soit, pourvu que notre pays se débarrasse des gouvernants actuels. Des radicaux , des modérés et des opportunistes se retrouvent dans l’un ou l’autre camp.
Le but de cet article est d’étudier certaines questions liées à l’organisation probable des élections présidentielles en 2011 et à la lecture qu’en font « les experts es Congo ». En effet, en lisant certains médias dominants et certains textes des « experts » du Congo sur ces élections, il y a des questions qui méritent d’être posées. Prenons un premier exemple.
Comment une étude aussi fouillée que celle menée dernièrement par l’ICG ( Congo : l’enlisement du projet démocratique du 8 avril 2010) constatant que « la consolidation de la démocratie a été reléguée au second plan » face aux paradoxes dans lesquels s’enferment les gouvernants actuels puissent encore croire que leur chef sera reconduit aux échéances électorales prochaines ?
Revenons à ces paradoxes. Sous peine de s’adonner aux cinq chantiers et de travailler au retour de la paix à l’est, les gouvernants actuels renoncent aux réformes promises au début de leur mandat et prévues par la Constitution (de Liège ?).
« Cela constitue, écrivent les experts de l’ICG, un premier paradoxe : le retard observé dans les réformes promises, telles que la décentralisation ou la réforme du secteur de la sécurité, fragilise davantage le régime. Ce retard a largement contribué à amplifie les crises sécuritaires qui se sont manifestées depuis 2006. Les affrontements au Bas-Congo, au Kivu et plus récemment en Equateur ont démontré que des institutions politiques provinciales faibles ne peuvent pas faire face à certains conflits locaux qui dégénèrent rapidement. » Ce paradoxe prouve que « loin de s’incarner dans des institutions, l’application des principes constitutionnels dépend de la bonne volonté des gouvernants. » De ce constat à croire qu’il y a lieu « de donner un second souffle aux réformes démocratiques » avec les mêmes acteurs politiques « sans volonté politique », il y a une marge de l’ICG semble franchir.
Le second paradoxe. « La nature politique des solutions recherchées est au centre d’un seconde paradoxe : sous prétexte d’avoir contribué à doter Kabila d’une autorité souveraine par vertu d’une élection réussie, la communauté internationale s’empêche de critiquer ou de dénoncer les choix et pratiques anti-démocratiques du régime congolais. » Ici, quand l’ICG lit dans cette façon de faire un paradoxe, nous nous y voyons l’hypocrisie de la communauté dite internationale et sa capacité d’instrumentaliser les institutions démocratiques au profit de ses hommes et femmes liges. Nous ne le dirons jamais assez : « La communauté du marché mondialisé avait besoin de faire du Congo un réservoir des matières premières où elle pouvait puiser à sa guise. La réussite de ce projet été lié à la mise sur pied d’un réseau de « nègres de service » dont Joseph Kabila est un membre parmi tant d’autres. »
Dans cette perspective, il devient plus ou moins facile de comprendre que l’ICG, malgré son diagnostic négatif de la gouvernance du pays sous Kabila, écrive ce qui suit : « Kabila, qui conclut son premier mandat en 2011, garde de grandes chances d’être réélu sans un tel recours (à la révision constitutionnelle). Malgré l’érosion de sa base électorale dans l’Est du pays en raison des violences permanentes au Kivu et en Province Orientale, l’opposition ne semble pas de lui opposer un candidat puissant aux prochaines élections présidentielles. »
Etonnant ! L’avenir du Congo se jouerait entre les acteurs politiques actuels (majorité et opposition) et la communauté dite internationale ! Curieux ! Cette analyse fouillée de l’ICG ne tient pas compte du fait que tous les Congolais n’ont pas participé à « la mascarade électorale » de 2006 ; que la classe politique actuelle n’est pas représentative de toutes les capacités et énergies dont notre pays regorge ! C’est comme si cette analyse participait d’un matraquage psychologique (comme plusieurs autres du même genre) visant à orienter les choix futurs des compatriotes ! Elle semble avoir la prétention de connaître et de maîtrise le mode de fonctionnement des Congolais(es) !
Selon cette étude, Kabila gagnerait en 2011 sans base électorale ! Curieux ! Ses alliances avec le CNDP qui gouverne réellement une bonne partie de l’Est de notre pays n’auraient rien à voir avec 2011 !
Non. L’ICG n’est pas dans le secret des Congolais(es). Il risque d’être surpris. Kabila tient à conserver sa base électorale à l’Est. Des sources dignes de foi nous ont confirmé que son ami Kamerhe, à défaut de le soutenir au vu et au su de tous, ne lui mettra pas les bâtons dans les roues ; il ne se présentera pas en 2011. Leurs parrains communs lui auraient demandé d’attendre 2016.
Non. L’ICG n’est pas dans le secret des Congolais : « Le Congo n’aura plus un deuxième Mobutu ». Si nous considérons le champ électoral comme l’un des lieux où la lutte politique devrait se mener chez nous, d’autres acteurs politiques risquent de rendre l’équation plus compliquée que « les experts es Congo » ne le croient. De Kinshasa, nous avons appris par exemple qu’un groupe de plus de 100 étudiants de nos universités et instituts supérieurs font appel à un candidat qui avait désisté en 2006, un avocat du Barreau de Kinshasa et un expert en droit humanitaire international, Guillaume Ngefa. Ils estiment, après un constat de l’échec des gouvernants actuels sur tous les plans, qu’il devra être leur candidat aux élections de 2011.
Dans un article intitulé Kabila a-t-il déjà gagné 2011 ?, Afrikarabia écrit ce qui suit : « Notons enfin Guillaume Ngefa, avocat au Barreau de Kinshasa, actuellement fonctionnaire des Nations Unies et spécialiste des droits de l’homme. Initiateur et président honoraire de ASADHO, il a dénoncé la dictature sous Mobutu, puis sous l’AFDL. Selon certain observateur, « discret, perspicace et convaincu pour ses idéaux, Guillaume Ngefa est un présidentiable à prendre au sérieux ». Ce qui apparaît comme une évidence pour certains milieux « internationaux » ne semble plus l’être pour certains médias alternatifs et certains milieux congolais avertis. Et plusieurs compatriotes amoureux de leur pays et travaillant pour un autre Congo sont « invisibles ».
De toutes les façons, un fait est sûr : « Les petits restes, les minorités organisées et les autres ascètes du provisoire Congolais luttent sur plusieurs fronts. Un temps viendra où ils vont étonner le monde entier. Les élections hypothétiques de 2011 ne sont pas gagnées d’avance. » L’erreur à éviter serait que le front gagnant puisse exclure les autres. Il y a là un travail anticipatif à abattre…